Enfant d’un parent voyageur : tisser des liens

Je suis une enfant de papa voyageur et voilà que je suis mariée à un homme* qui parcourt la terre dans le cadre de son travail. De cette union est née une enfant… de papa voyageur.

Lié au passé

Lorsque j’étais toute petite, mon père voyageur était présent malgré l’inexistence de Skype ou de Facetime, et ce, peu importe le coin de pays où il se trouvait. Nous pouvions lui parler de temps en temps, mais il va sans dire que ma mère a su lui donner sa place.

Il est parti trop tôt de nos vies, mais il fallait probablement qu’il en soit ainsi pour sa vie. J’ai vraiment aimé et admiré cet homme comme une enfant de neuf ans peut se souvenir. Mes parents ont eu une magnifique relation d’amour et d’amitié. Le respect et l’acceptation de l’autre allaient de pair.

J’ai maintenant une vie familiale qui s’apparente à celle que j’ai connue étant toute petite et cela prouve certainement que j’ai trouvé mes rePères**. Mon conjoint a un boulot qui l’amène à voyager. En ce qui a trait aux repères de ma fille âgée de neuf ans, ils se dirigent majoritairement vers moi, sa mère. Je dis souvent : « appelez-moi Constance! », étant toujours présente. Mais, heureusement, ma fille grandit de belle façon et, de plus en plus, elle se tourne également vers son père.

Tisser ses propres liens

Ce rapprochement entre mon conjoint et ma fille se fait plus aisément. Il y a certes les efforts du papa lorsqu’il est de retour à la maison pour nourrir le lien avec sa fille, mais aussi la collaboration de la maman qui en amont doit lui conserver sa place.

Lorsque notre fille était plus petite, tous les jours je lui décrivais ce que son papa avait fait, ce qu’il avait dit de drôle et qu’il l’aimait. Elle savait qu’il faisait partie de notre vie, de sa vie. Maintenant, elle est assez grande pour converser facilement avec son père sur Skype ou au téléphone.

Tendre vers un certain équilibre

Toute famille a ses périodes de déséquilibre et ses façons de replacer le tout à niveau. Notre façon de se rééquilibrer à chaque retour de voyage de mon conjoint est de tout simplement faire une activité familiale. Par la suite, selon les idées d’activités exprimées par l’un ou l’autre des membres de la famille, le « spécialiste » ou le passionné ne tarde jamais à se manifester. Avec le temps, ma fille se rend bien compte des sphères de compétence ou d’intérêt de chacun de ses parents et sait à qui s’adresser selon le cas. Par contre, il n’est pas rare que les rôles soient inversés. Ainsi, on ne crée pas d’attente relative à qui doit assumer certains rôles. On évite alors bien des déceptions. J’avoue que pour certaines destinations, je prendrais bien la place de mon conjoint ! 😉

Lien tissé pour toujours

Je ne sais pas si plus tard elle choisira ce même style de vie, mais pour l’instant, elle s’en accommode bien. Toute petite, elle a compris la notion de l’autre et de son importance, même lorsque celui-ci est absent.

En sommes, il faut accepter les départs, ne pas mettre l’accent sur les absences et profiter pleinement des retours. Et c’est à nous, ceux qui restent, de parler avec amour et respect de celui qui part… souvent.

 

* : Mon conjoint est également enfant de papa voyageur.

** : Le dictionnaire Larousse dit, entre autres, que le mot repère « permet de reconnaître quelque chose dans un ensemble, de localiser quelque chose dans le temps ou l’espace. » Pour moi, rePères signifie également mes références et mes souvenirs en héritage.

 

Image : photo de Brigitte Thériault et illustration de Barbara Ann Bergeron

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