Êtes-vous handicapés visuels à temps partiel ?
Hum, vos sourcils se plissent et vous vous demandez peut-être ce que je veux dire par handicapés visuels à temps partiel. Je vous explique… Dernièrement, j’ai dîné avec une amie à Québec. En marchant, nous avons croisé un camelot du magazine de la rue La Quête. J’ai pris le temps de jaser quelques minutes avec ce jeune homme sympathique au grand sourire, Sébastien, et de lui acheter un exemplaire. Ma copine a réalisé qu’elle accordait peu ou pas de temps à ces personnes, autant les camelots de magazines de la rue que les itinérants, et pouvait aussi les ignorer parce qu’elle était mal à l’aise. Elle a aimé ce qui venait de se passer, de rencontrer Sébastien. Il lui a même fait décrocher un sourire. Une graine a été semée…
Encore une fois, je réalise à quel point nous pouvons être handicapés visuels à temps partiel autant consciemment qu’inconsciemment. Je m’y inclus autant. Quand nous marchons, nous pouvons être tellement dans notre bulle, dans notre tête ou sur notre téléphone intelligent que nous ne sommes plus en mesure de voir ce qui se passe autour de nous. Pourtant, il y a de la vie, autant des personnes, des animaux et même des poteaux qui peuvent parfois nous ramener drastiquement au moment présent. Aouch…
J’ouvre mes yeux
Il y a plus d’une dizaine d’années, dans le temps où j’habitais à Montréal, j’ai discuté avec un itinérant bien spécial. J’étais dans un resto rapide proche du métro Mont-Royal, aux petites heures du matin, pour attendre mon transport pour une journée de ski à Québec. Je buvais un chocolat chaud, quand un homme s’est approché de moi et m’a demandé s’il pouvait s’asseoir. Aucun problème. Légèrement surpris, il s’assit. Nous avons eu une discussion profonde qui m’a marquée. Pour lui, que j’accepte qu’il s’assoit était un signe de reconnaissance qu’il existait et de non jugement. Il trouvait tellement difficile que les gens ne le regardent pas, l’ignorent ou changent de côté de rue. Oui, chacun a son histoire, son parcours de vie. Oui, certains n’agissent pas correctement, mais il ne faut pas les mettre tous dans le même panier. Pour lui, c’est une grande détresse qui l’a amené à la rue. Il n’a peut-être pas une maison où dormir ou une douche quotidienne, mais il a ce que l’être humain a de plus précieux, un cœur. Il mérite respect et dignité comme tout être humain. Principe souvent oublié sur lequel nous pourrions débattre bien longtemps…
Je passe à l’action
Les mots de cet homme sont encore imprimés dans ma tête et résonnent. Mes yeux sont grands ouverts et je n’hésite pas à regarder autour de moi. Lorsque je croise un itinérant, je lui décroche un de mes éternels sourires. Lorsque l’occasion se présente, j’achète un magazine de la rue, soit L’Itinéraire à Montréal ou La Quête à Québec. Il est vendu par des personnes en difficulté. D’ailleurs, le but de ces magazines de la rue est, entre autres, de participer à leur réinsertion sociale en leur donner du travail en tant que camelot. Parfois, j’ai des barres granolas dans mon sac que je leur donne aussi. Leur merci sincère et surtout leur sourire, est le plus beau des cadeaux pour moi. Si je peux aider de cette façon, tant mieux. Il ne faut jamais sous-estimér l’impact d’un geste sur une personne. Parfois un sourire peut changer une journée et même le cours d’une vie.
Et vous ?
Que pouvez-vous faire ? La moindre des choses, regardez la personne. Cette connexion est simple, facile et ce geste ne demande aucun engagement de votre part. Rappelez-vous qu’en regardant cette personne, c’est lui dire, oui tu existes. Leur jaser, leur donner des sous ou autres sont des actions qui doivent venir de votre cœur, parce que vous êtes réellement heureux de la faire et non pour que vous paraissiez bien. Aucune obligation de votre part.
À votre prochaine balade, ouvrez les yeux grands et dites au monde entier qu’il existe. Voir est un privilège exceptionnel !
À lire ou à relire : Le pourvoir du sourire et Inspirez la nature, expirez le moment présent
Photo par Judith Leathead – Graffitis à Chiang Mai, Thaïlande
