Je choisis de ne plus travailler

Quand vous lisez mon titre, que fait-il résonner en vous ? « Dans tes rêves, ma belle ! Es-tu millionnaire ? Bravo le manque de volonté et la paresse. T’as pas des factures à payer toi ? Ça ne risque pas de m’arriver. Parles-tu de vacances ? »

En fait, j’ai décidé de faire de mon rêve une réalité. Je ne suis pas millionnaire d’argent pour l’instant, mais plutôt millionnaire de cœur. De la volonté, je dirais que j’en ai à revendre. Des factures, et oui, et je remercie la vie, à chaque fois que j’en paie une, pour avoir les moyens de profiter du service obtenu. Et les vacances, elles font partie de mon mode de vie. Vous vous dites peut-être : « alors c’est quoi le truc ? Est-ce légal ? ».

Bonne question ! Je vous mets en contexte pour satisfaire votre besoin de compréhension et de clarté.

Mise en contexte

J’ai travaillé une quinzaine d’années dans le monde des communications, où j’ai exploré différentes branches et domaines et où tout était pour hier. Imaginez, quand je partais au boulot le lundi matin, je comptais les journées qu’il me restait avant la fin de semaine. Pour m’encourager, j’enlevais déjà le lundi, donc 4 jours restants. Après le dîner, je comptais aussi les heures qu’il me restait. Ah que les semaines étaient longues ! Mes vacances étaient ma récompense ultime du travail de fou acharné. Ce qui m’aidait aussi était mes activités sportives et mes loisirs. Mais bon, je passais bien plus que 40 heures par semaine au boulot, donc plus d’heures à faire « beurk » au lieu de faire « yé ». En plus, mon corps m’envoyait des messages : maux de tête, migraines, tensions physiques et mentales, boule d’angoisse à la poitrine, insomnie. Je changeais souvent d’emploi, mais les mêmes constats revenaient, j’étais blasée rapidement et ne tripais pas du tout. En prime, j’ai été élevé avec la mentalité « il n’y a rien de facile dans la vie donc tu dois bûcher ». Je ne dois pas être la seule…

Choix

Je le dis et redis, nous avons toujours le choix. Les choix amènent des conséquences, mais nous avons toujours le choix. Au plan de l’emploi, j’avais deux options :

  • Option 1 continuité – J’avais le choix de continuer dans cette direction et de me dire que je recevais de belles sommes d’argent, aux deux semaines, et que j’avais des avantages sociaux. Avec le recul, j’appelle cette option la prison dorée.
  • Option 2 exploration – J’avais aussi le choix de mettre les mains sur le volant de ma vie et choisir la route qui me conviendrait vraiment et où je serais heureuse et épanouie. Où je n’aurais absolument pas l’impression de travailler… Avec le recul, j’appelle cette option le voyage avec un billet d’avion ouvert.

Comment ?

J’ai lu que l’art d’être heureux est d’être l’artiste de sa vie. Vous devinez donc que j’ai choisi la seconde option. J’ai réfléchi en titi, j’ai fait du travail sur moi pour trouver mon étoile et j’ai testé. J’ai fait le bilan de ce que j’aimerais faire, mes forces, mes intérêts, mes valeurs, le style de vie. J’ai réalisé que mon désir profond était d’œuvrer dans un domaine qui donnait un sens à ma vie et où je faisais la différence en aidant la société à se sentir mieux. J’ai pris 4 ans à explorer, à me former, à me questionner de nouveau et à douter, avant que je puisse dire à mon amoureux « Chéri, je me sens vraiment bien, en cohérence avec qui je suis et mes valeurs. Là, ce que je fais donc un réel sens à ma vie ».

Peur, craintes, doutes

Oui, le changement peut être épeurant, angoissant, stressant. Passer de la sécurité à l’insécurité peut être déstabilisant. Au début, je regrettais le salaire stable et le sentiment « léger » que tout était sous contrôle. Mais je gardais en tête un exemple qui m’avait profondément marqué lors d’un atelier. L’animateur nous racontait : « J’ai des super pantoufles, vieilles mais ultra confortables. Je reçois en cadeau des pantoufles neuves, le même modèle, la même couleur, mais la semelle est un peu plus épaisse étant neuve. J’hésite longtemps… et finalement je les essaie. Que de confort ! Les vieilles sont mises au rancart. » Cet exemple me rappelait que nous pouvons être réticents à un changement, mais que celui-ci peut être bénéfique au bout du compte. Dans mon cas, cela a été vrai.

Je l’admets, je suis choyée. Mon amoureux a toujours cru à ma réorientation de carrière et m’a encouragée dans ce sens. Me voir retrouver ma flamme intérieure et m’épanouir était et est aussi stimulant pour lui. Mon processus l’amène à réfléchir sur ce qu’il désire lui aussi. Et le plus important, je croyais réellement que mon désir était réalisable. Mon mantra : confiance en moi, confiance en la vie.

À l’écoute de soi

Dites-vous que vous n’êtes pas obligés de faire un virage à 180 degrés. J’ai des amis qui ont changé de poste où il travaillait, certains même plus d’une fois, et l’étincelle dans leurs yeux est revenue. Le plus important est de noter les signaux que la vie vous envoie, souvent par l’entremise de votre corps. Se poser des questions, douter et faire des remises en question sont normales dans notre évolution. Plus nous nous voilons les yeux pour ne pas voir les signaux, plus les frustrations s’accumulent, la négativité envers la vie augmente et le corps en subit les conséquences. Alors pensez-y. Il est plus agréable de danser avec la vie que de se battre avec elle.

Alors travailles-tu finalement ?

C’est drôle car je ne peux appeler ça du travail ce que je fais, même si je reçois une paye. Selon moi, c’est plutôt œuvrer. Lorsque je prépare le matériel pour mes ateliers de philosophie avec les enfants, que je fais de la rédaction ou que je prépare des ateliers et des cours de yoga, c’est un réel bonheur de le faire. Mes connaissances et mes expériences sont mises à profit. Mes points forts sont exploités sans limite et j’ai le sourire facile. Ce que j’accomplis est en cohérence avec mon cœur… et même ma tête ! Oui, je peux vivre encore des déceptions et des frustrations, mais je suis toujours aussi bien avec mes choix. J’aime dire que je suis déjà à ma retraite et que je fais ce qui le plaît. Et si je ne me sens plus à ma place dans ce que je fais, alors je poserai les actions pour retrouver mon sentiment de retraité. L’ayant déjà fait, je suis confiante. À 40 ans, je n’ai pas à me plaindre.?

 

Photo par Judith Leathead – couleurs d’automne du Mont-Sainte-Anne, Québec  

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